Mirza ; La corrosion du risque

L'obscurité l'étouffe.
Des minutes, des heures, des jours, et ce qui semblent même être des saisons, se sont écoulées. Il lui semble avoir passé des années dans cette cavité. Forcément, la logique ─ qui lui échappe à chaque instant ─ lui dit que ce n'est pas le cas. Mais il n'est pas faux de dire qu'elle a passé sa vie entière, ou du moins la vie dont elle se souvient, englobée dans ces ténèbres. Elle ne sait même plus que la sensation de gouffre qui lui ronge les entrailles porte plusieurs noms: faim ; peur ; soif ; angoisse ; isolation. Le feu qui l'habitait aux moments suivant son éveil n'est plus du tout. Il n'en reste même plus de braises. Ce n'est que du charbon, mort et froid. Une rancune qui l'asphyxie.

Lorsqu'elle avait pris conscience pour la première fois, elle s'était battue. Rebellée, comme chacun de ses compatriotes, contre la roche qui l'enserrait. La montage lui criait de partir, alors, elle hurlait en retour. En vain. À bout de force, et d'espoir, elle avait finit par se taire. Son corps meurtri s'était écroulé, sa gueule s'était fermée, ses yeux s'étaient clos. Les ténèbres avaient retrouvé leur silence, que seule sa respiration difficile brisait. Et son esprit s'était enfoncé dans le désespoir, la résignation, deux sentiments lâches qui ne demandent aucune force à alimenter.

La léthargie l'emporte.
Au mieux, elle parvient à retenir son souffle, suffisamment pour que ses sens soient étouffés et qu'elle sente son esprit s'échapper, mais jamais assez pour trouver un véritable repos. La pierre, si repoussante soit-elle, possède maintenant une attraction. Une promesse d'abandon. Elle s'y cale, s'y complet, cherche à s'effacer au profit de cette entité bien plus grande qu'elle. Peut-être que la montagne pourra abréger ses souffrances.
[...]

En dépit de sa petite taille, il est quasiment impossible de la manquer. Comme si elle s'abreuvait à un puits d'énergie inépuisable, elle possède un entrain constant et un niveau d'activité élevé. En mouvement perpétuel, elle a toujours une multitude de projets en tête, qui ne sont que très rarement freinés par des considérations logiques. Si une option se présente à elle, grandes sont les chances qu'elle s'en saisisse, sans regard pour la prudence. Un peu de débrouillardise peut vous mener loin, et Mirza compte bien déplacer des montagnes (... surtout la Sinememoria).

Allant de pair avec zèle, elle ne possède qu'une compréhension limitée du respect et de l'autorité. Après tout, ils sont tous sortis du même trou et ne possèdent aucun souvenir; aucune raison qu'un dragon soit supérieur à un autre. Pour autant qu'on le sache, Mirza aurait pu être une grande reine dans son ancienne vie (fantaisie qu'elle entretient avec passion). Cela dit, malgré son envie de contredire tout ce qui bouge, elle peut aussi se plier en quatre pour les dragons qu'elle adore. Plutôt dépendante, elle veut tout faire pour obtenir l'approbation de ceux qu'elle admire.

Ce qui résulte de ce désir de validation est un empressement pour raconter n'importe quoi. Elle cherche toujours à se montrer captivante, que ce soit pour prouver sa supériorité ou se montrer digne d'intérêt. De fait, les mensonges et exagérations s'empilent dans ses dires, et comme elle leur porte peu d'attention, elle n'est plus à une contradiction près. À tout le moins, elle possède une capacité d'adaptation développée, cadeau de son besoin d'approbation. On doit quand même reconnaître qu'elle détient un savoir intéressant et des théories originales, pour autant qu'on creuse sous les conneries.

Son souffle prend la forme d'un nuage de toxines. Pour l'instant, elle ne crache que des petite particules vaporeuses à quelques centimètres de son visage, dans un jet large et imprécis. Les êtres vivants le recevant dénotent une sensation de picotement et d'humidité inconfortable, dont le niveau de corrosion augmentera avec la pratique. Mirza présume que le même effet est produit sur d'autres matériaux, mais, faute de pouvoir leur demander leur avis, elle ignore à quel point son souffle est efficace. Avec les expérimentations, elle découvrira que la force et l'effet de son souffle dépendent en partie des plantes qu'elle ingère et de leur propre toxicité.

À la sortie de sa gueule, son souffle devient vaporeux et s'étale dans un rayon d'une trentaine de centimètres. De composition hétéroclite, les molécules sont de différentes tailles et teintes de pourpre. Elles restent en suspension devant elle, imitant l'apparence de poussière traversée par des rayons. Toutefois, plutôt qu'être sèches, elles ont une légère humidité qui les font adhérer aux surfaces, donnant une sensation de fraîcheur. Après quelques secondes, son souffle se disperse naturellement dans l'atmosphère.
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# Elle a de légers problèmes d'audition, qui ne sont certainement pas améliorer par sa capacité médiocre d'attention. Les sons lui proviennent souvent dans un désordre flou, surtout dans les environnements riches en tonalité, mais elle est généralement capable de distinguer paroles et bruits spécifiques, pour peu qu'elle se concentre suffisamment.

# Son système digestif est adaptatif, évoluant selon les substances qu'elle consomme. Après l'ingestion d'une nouvelle matière, son estomac en analyse la composition et se modifie de sorte à l'absorber. Le processus d'acclimatation la met dans un état piteux, qui varie selon le degré de dureté et de toxicité de l'aliment, mais une fois rétablie, Mirza voit sa résistance à la matière croître.

# Dû à son expérience éprouvante dans la montagne, elle est très inconfortable avec les endroits clos, obscures et rocailleux. Ne voulant ni reconnaître sa claustrophobie ni sa dépendance pour la Sinememoria, propre à son espèce, Mirza préfère se réfugier sous le couvert des arbres. Les sous-bois touffus la réconfortent, tout comme la possibilité de s'envoyer au-dessus de la canopée la rassure.

# De par son affinité pour la forêt et sa résistance gastrique, Mirza a prit le rôle d'horticultrice (et de goûteuse). Imprudente, elle n'hésite pas à consommer tout genre de plantes et fruits pour en connaître leurs effets, pour ensuite les cultiver. Elle n'est peut-être pas l'herboriste la plus consciencieuse dans ses méthodes, mais elle n'a rien à envier côté innovation.

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