Imoën - Indomptable comme le vent.

Une étrange sensation, d'abord. Son corps tout engourdi la tire de son sommeil. Elle papillonne, bat des paupières pour irriguer ses yeux qui scrutent les alentours, tâtonnent l'obscurité à la recherche d'un repère, de quelque chose à laquelle elle pourrait se raccrocher, à la manière d'un dragonneau qui sort de son œuf et découvre l'extérieur pour la première fois.
Cependant, l'extérieur ne ressemble pas du tout au monde de lumière, de grandeur habituel. Il est étroit, humide, repoussant. Une sensation d'angoisse la saisit bientôt : la retenant prisonnière, l'étroite cavité où elle est enfermée semble pourtant ne pas vouloir de sa présence en ces lieux, à en juger l'étrange atmosphère qui l'entoure

Ses muscles, ses ailes pliées de force par la pression de la paroi sur son corps lui font mal. Elle tente de bouger pour les dégager, les dégourdir, en vain. Seule une nuée de fourmillements lui répond, parcourant ses membres à toute vitesse et laissant sur son sillage des tonnes de picotements qui rendent l'expérience bien moins agréable encore.

La dragonne tente d'inspirer une grande goulée d'air, mais elle comprend vite que cela sera vain. La grotte est étouffante, il lui faudra économiser le peu d'air qui la compose si elle ne veut pas mourir asphyxiée. Elle réfléchit, essaye de garder son calme et de ne pas céder à la panique qui tente de l'envahir peu à peu mais aucune solution ne semble lui venir à l'esprit. Il ne semble n'y avoir aucune issue : seul son souffle chaud lui est renvoyé, dû à sa proximité avec la paroi. Sinon, aucune petite brise, aucune lumière ne lui annonce qu'elle pourrait s'échapper de l'endroit.

Elle décide d'attendre, essayant tant bien que mal de ne pas penser à ce qui a pu arriver. Elle espère ne pas avoir été enterrée vivante, ou être ensevelie sous des décombres. Dans le premier cas, il est certain que personne ne lui viendra en aide. Dans le second… elle fait une rapide analyse de son corps et, n'étant pas blessée, écarte cette possibilité.

C'est à ce moment qu'elle se rend compte que sa mémoire est vide. Comme si, avant cet éveil elle n'avait pas vécu. Elle ferme les yeux, tente de se rappeler d'une bribe de souvenir à laquelle se raccrocher pour se remotiver mais les mauvaises ondes de l'endroit l'empêchent de se concentrer et l'obligent à se focaliser sur son emprisonnement.
Ses griffes viennent lacérer la pierre dans un crissement aigu mais la femelle comprend qu'il est inutile de se débattre. Tout semble lui indiquer qu'elle ne peut s'échapper.

Elle continue d'attendre, essaye d'adopter une respiration régulière pour ne pas gaspiller son souffle mais son cœur tambourine dans sa poitrine, la forçant à accélérer ses inspirations et expirations. Il lui semble voir passer les minutes, les heures, voir même peut-être un jour ou deux. Elle ne le sait guère car tous ses repères ont disparu. Quoiqu'il en soit, le temps lui paraît interminable et elle se demande combien de temps elle tiendra.
Parfois elle essaye de nouveau de se débattre, de se frayer un chemin vers la sortie, en vain…

La tête commence à lui tourner, sa respiration se fait plus poussée, pressante. Son corps, ses organes réclament de l'oxygène pour continuer à fonctionner. Hélas, il lui semble ne plus avoir assez d'air. Elle se débat comme une diablesse, repousse les parois de ses ailes, griffe, mord, refusant d'accepter la fatalité du destin. Mais ses forces la quittent peu à peu. Son corps s'affaisse, elle abandonne, refuse de continuer à lutter. Paupières closes, elle sombre dans les ténèbres.

Mais une lumière vient l'aveugler, traversant la fine couche de peau qui couvre ses iris. Elle n'a pas le temps de comprendre que son instinct prend le dessus : une échappatoire lui fait face. Elle se contorsionne pour se faufiler par le trou qui semble trop petit pour elle mais au moment où son corps imposant force la passage, la roche se fissure dans un craquement sourd et finit par s'effriter, poussant le corps de la dragonne au dehors.

Ses ailes s'ouvrent d'elles-même et la femelle ne prend même pas le temps d'observer les environs, ni même l'endroit où elle était prisonnière : son instinct lui hurle de fuir, et ses ailes se mettent à battre de plus belle pour la propulser hors du puits qui la retenait prisonnière.

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L'air froid de la nuit lui mordait la peau mais peu lui importait, si ce n'est fuir le plus loin de cet endroit de malheur qui l'avait retenue prisonnière si longtemps. Ses ailes n'avaient jamais battu aussi vite, et seul son instinct la guidait. Paniquée, elle osa pourtant un regard en arrière pour vérifier qu'elle n'était guère suivie et elle ne vit pas l'obstacle arriver.

Elle se heurta de plein fouet à l'imposant dragon qui, l'apprendra-t-elle plus tard, l'attendait depuis un moment déjà.
Et alors que son aura de sérénité l'enveloppa, la cajolant comme des parents bercent leur enfant, un souvenir sembla ressurgir dans son esprit : Son nom était Imoën.

POUR RÉSUMER : Imoën est la troisième dragonne éveillée et elle est la première à s'être faite accueillir par Gareth. Bien que tolérant facilement les endroits étroits, son séjour dans la Gueule a été particulièrement éprouvant car il lui semble y être restée plusieurs jours.